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Invités de Guy Allix, poète

Vinod RUGHOONUNDUN

Vinod RUGHOONUNDUN

 

 

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Vinod RUGHOONUNDUN

 

Voilà, Vinod rejoint enfin, quatre ans déjà après son suicide, mon petit paradis à moi où quelques-uns de ses mots vont continuer à vivre et à émouvoir. Il quitte donc mon anthologie subjective dédiée avant tout aux poètes vivants pour rejoindre cette anthologie de mes poètes à jamais vivants. Je complète sa présentation par un texte d'hommage et une chronique publiée dans Les cahiers du sens sur son dernier recueil.

 

Né le 30 août 1955, mort en août 2015. 

Publie en 1993 Mémoire d’étoile de mer aux éditions La Maison des Mécènes, Port-Louis, Ile Maurice. Ce texte poétique est unanimement salué par la critique mauricienne et certains n’hésitent pas à le qualifier de « texte porteur du plus beau souffle ».

 

En 1997 parution de La saison des mots aux éditions La Maison des Mécènes.

Ce deuxième texte poétique confirme l’écriture de V. Rughoonundun comme un des talents sûrs de la nouvelle génération littéraire mauricienne.

 

« Vinod Rughoonundun est l’un des poètes marquants de la nouvelle génération littéraire mauricienne » écrit Jean-Louis Joubert dans Notre Librairie (Revue des Littératures du Sud) n° 136.

 

Publie en 2001 Chair de toi aux éditions Grand Océan, St Denis, La Réunion.

Chair de toi, le premier texte érotique et sensuel de la littérature mauricienne, fait émerger l’auteur comme une des puissantes voix poétiques de sa génération.

 

« Poésie érotique et sensuelle, Chair de Toi part à la recherche des correspondances entre sens et mots, entre corps et verbe. Au gré d’un voyage mystique ponctué par le rythme de la jouissance, Leila et le poète, deux corps en fusion se tendent vers la quête impossible de la rencontre entre le dit et le non-dit (…..) Vinod Rughoonundun apparaît désormais comme le poète mauricien le plus puissant de sa génération. » (Week-End, 03/02/2002)

 

 

Nouvelles

Parution en 2004 de Daïnes et autres chroniques de la mort, aux Editions La Maison des Mécènes.

Outre de marquer l’entrée de V. Rughoonundun dans le romanesque, ce recueil de nouvelles confirme l’écriture du poète comme une valeur sûre de la littérature mauricienne.

 

« Ces nouvelles sont de véritables bijoux où l’imagination foisonnante et inventive du poète de Mémoire d’étoile de mer (1993) réussit à évoquer la mort sous des aspects souvent inédits et aberrants, et par la même à entraîner ses lecteurs dans le vortex des pensées antagonistiques de soi et de l’au-delà. L’art de Vinod Rughoonundun est d’avoir su condenser en fables efficaces, à la manière d’un Edgar Allan Poe qui, lui aussi, était passé de la poésie aux nouvelles, ces dilemmes réels des sociétés multiculturelles en devenir. » (Tirtankar Chanda, Chroniques des Livres Radio France International, 04/02/05)

 

Daïnes et autres chroniques de la mort est réédité par les éditions Naïve, Paris, en 2006.

 

Il y a chez Vinod comme un souffle mystique étonnant allié à une sensualité rare. Ce qui fait de lui un poète tout à fait singulier aujourd'hui. En dehors des cercles et des modes. Un vrai poète assurément. Et l'écouter lire ses textes ne fait que confirmer la puissance de son verbe.

 

 

Contact : vinod.rugh@orange.fr

 

 

 

Un inédit de Vinod RUGHOONUNDUN

tes paroles

 

            la lumière seule sépare le jour de la nuit

        la seule lumière arrimée à tes silences

   te dit au milieu des rumeurs

que miroitent les étoiles

    fulgurances aux paupières

        ouvertes

 

                    tes paroles anciennes défigurées flottent dans la brume

              dans les larmes des rochers solitaires assiégés de fracas 

   diluées dans le vitriol des haines 

                             tes paroles dansent au-devant de mes yeux

                                                        insaisissables

 

                                                       les prières s’effritent contre les parois

                                                                                                      rêves décimés

                                             seuls demeurent

                                       de vides lendemains

                                    défigurées     tes paroles

vont et viennent entre midi et minuit

                              reviennent   se balancent entre les effluves de ce jasmin

que l’on dit reine de nuit

   et l’indolence inodore des bougainvilliers qui se déhanchent à bout de tige 

               reviennent entre minuit et midi tes paroles aux ailes décolorées

 

te souviens-tu des landes de l’exil aplanies par les vents douteux

        des tracés obscurs qui ne font aucun sens

                 te souviens-tu de ces éclats d’émeraude

                      que m’offrait la mer à chacun de tes pas libérant l’écrin d’un sourire

                                   te souviens-tu

 

seule la lumière sépare la nuit du jour

la lumière seule

arrimée

à l’écho du silence 

 

Vinod Rughoonundun     (août 2008)

 

 

Vinod Rughoonundun, un grand poète mauricien, a mis fin à sa vie le 13 août 2015, la veille de ses 60 ans. Il écrivait dans la fièvre et lisait dans la même fièvre. Une véritable transe. Une poésie habitée, incarnée, d’un érotisme brûlant dans Chair de toi par exemple. Nul ne pouvait rester insensible et lire après lui sur scène était une redoutable épreuve. C’est l’ami Jean-Claude Touzeil qui m’a informé de sa mort. C’est lui encore qui m’a envoyé, en amitié, ce recueil posthume : Manama les mots oubliés.

 

Oui, Il était bien difficile de lire après Vinod, mais écrire un seul vers semble impossible après cette parole au bord de l’abîme et riche d’une incroyable générosité. Il y a là une force terrible qui nous convoque. Les mots sont extirpés « tels des vers/ de « ses » chairs » après ce qu’il nomme les « années silence ». Et pour qui voudrait rendre compte de la force de ce dit d’amour, chaque mot semble dérisoire devant ces autres vocables qui subliment la parole et avouent la vie : « la vie manama n’est pas que testament de souffrances/ il y a aussi ça et là quelques sourires/ les flancs des montagnes ensoleillées/ et je ne veux pas les vivre rances. Il y a eu aussi ces moments où ta voix se faisait fougère/ pour me dire/ prends un peu de mon parfum ». Vinod a donné ces derniers vers en partage à Laurence son épouse avant, comme le dit l’éditrice, « d’accomplir son voyage sur le chemin de la délivrance ».

 

Ces quelques pages sont éditées avec le plus grand soin, enveloppées par deux textes si justement sensibles : l’avant-lire de Brigitte Masson et la préface de Ananda Devi, qui souligne « l’exigence » et la « détermination » de l’auteur « à ne pas s’égarer dans les vaines poursuites de notre époque ».  Elles jettent brutalement dans l’ombre nombre de « gloires » poétiques par trop surfaites.  Une magnifique « dernière offrande ».

 

 Vinod Rughoonundun, Manama Les mots oubliés, La Maison des mécènes, préface de Ananda Devi. 

 

La Maison des mécènes, Clos Verger, C82, Rose-Hill, Ile Maurice,  6 euros.

 

Guy Allix, Les Cahiers du Sens, 2017

 

Vinod Rughonundun a mis fin à sa vie le 13 août 2015. Je l’avais rencontré à la fin des années 1990 dans un jury de poésie dont nous faisions partie tous deux. Il y avait eu aussi des mini récitals plus ou moins improvisés dans ce petit village du Calvados où se réunissait ledit jury. J’avais alors découvert la superbe poésie de Vinod et aussi son immense talent de diseur de poèmes. Vinod écrivait dans la fièvre et lisait dans la même fièvre. Une véritable transe. Une poésie habitée, incarnée, d’un érotisme brûlant. Nul ne pouvait rester insensible et lire après lui était une redoutable épreuve.

 

Et pourtant je me souviens aussi que Vinod pouvait être aussi plein d’humour et de fantaisie dans la discussion et dans l’échange. Nous avons parfois bien ri ensemble.

 

Je n’ai plus revu Vinod depuis le début des années 2000. 2003 je crois. Des courriels de temps à autre jusqu’à son dernier message gardé en attente de réponse qui n’est pas venue... Il m’avait parlé aussi de sa dépression et, moi-même ayant eu à subir le même fléau pas totalement guéri, je n’ai su lui répondre ? Vinod restera en moi comme un remords ineffaçable.

 

C’est l’ami Jean-Claude Touzeil qui m’a informé de la mort de Vinod. C’est lui encore qui m’a envoyé en amitié ce recueil posthume : Manama les mots oubliés dont je rends compte dans cet article des Cahiers du Sens plus haut.

Vinod toujours parmi nous dans sa parole amoureuse et fraternelle ! 

 

 

 

 Vinod Rughoonundun (1955-2015) sur son tracé de foudre

 

Publié le 17 août 2015 par Papalagui

 

Vinod Rughoonundun (1955-2015), poète et nouvelliste mauricien, est mort le 13 août à la veille de ses soixante ans. Son dernier livre publié, en 2004, était Daïnes et autres chroniques de la mort (Naïve ed.). « Dans ce recueil de nouvelles, l’auteur met en exergue la richesse de l’imaginaire mauricien et les liens que l’on tisse consciemment ou non avec l’inéluctable. » notait Brigitte Masson, écrivaine et éditrice, dans la biographie qu’elle lui consacrait pour le site insulaire et francophone Île en île.

 

 

 

Brigitte Masson a accompagné l’annonce de la mort de Vinod Rughoonundun de cet extrait de La Saison des mots, Ed. La Maison des Mécènes, 1997 :

 

 

 

« souviens toi de la tempête qui fissure les montagnes

 

 

 

de la pierre qui naît

 

 

 

quand s’épousent le feu et l’eau dans une gerbe d’éblouissement

 

 

 

viendra le jour où les quatre temps

 

 

 

s’écouleront dans une seule nuit

 

 

 

pour redevenir magma
tu auras ce jour-là atteint le terme de ton voyage

 

 

 

et le vent dansera sur tes rêves endormis qui s’ouvrent sur nulle part

 

 

 

tu te souviendras alors de ces paroles brûlantes que tu as déchirées

 

 

 

à la croisée des nuées

 

 

 

souviens toi

 

 

 

le poète te l’avait dit sur son tracé de foudre

 

 

 

souviens toi »

 

 

 

Consulter le long entretien filmé de Vinod Rughoonundun sur le site Île en île, réalisé par Thomas C. Spear à Quatre Bornes (Île Maurice), le 20 juin 2009 :

 

 

 

 

 

 

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